mardi 7 octobre 2008

Le parc en après-midi



Je choisis une place au soleil. Près du flûtiste assis contre l’arbre, il joue en boucle une pièce médiévale, puis une fille à la voix de sirène se joint à lui.
Wow… ça semble venir d’ailleurs, c’est tellement beau, ça semble irréel.
On ne peut pas faire tout ça juste avec deux voix.
Moment magique.
Je cuis sous le soleil, et la sirène chante, les feuilles d’automne tombent et tourbillonnent.
Je ne peux être à Montréal.
Suis-je en train de mourir ?
Pincez-moi, je rêve.




Hypnotisée par la magie du moment, sortant de manière naturelle et automatique mon ordinateur de mon sac, la musique s’arrêta brusquement.
Je ne pouvais pas croire que quelqu’un se permettait de les interrompre pour leur dire qu’elle avait une belle voix.
Le parc était en transe sous leurs voix. Les passants font tranquillement halte plus ou moins loin. Un touriste me fait des signes silencieux et me demandent de me prendre en photos, les ados se permettent un « Vous avez une belle voix madame » par-dessus le chant.
Puis l’équipe télé au travail pas très loin vient voir ce qui se passe.
Moment magique collectif sur trame musicale d’une sirène.

Quel moment privilégié.

J’ouvris mon ordinateur et je retournai à « l’épreuve du c.v. »
Ouin. Le c.v.


Cette activité me procure si peu de plaisir que j’en viens presque à me dire que je n’aurais jamais dû partir en voyage !
Bien oui ! J’exagère !
Mais quelle épreuve!

Je banalise tout.

Je ne sais pas ne vendre.

Un vrai! Un bon c.v.! Ils diront: "Ha! Oui! Elle est la personne qu'il nous faut!"

J’en donne trop et je manque de présentation.
J’ai l’impression que je ne sais rien faire, j’ai l’impression de n’avoir aucune réussite, aucune implication.

Mais coudon?
Qu’est-ce que j’ai fait dans la vie moi avant d’avoir 30 ans.
Je me suis-tu juste inquiétée? Non, ça, c’est ce que je fais maintenant !

"Un teaser! Un teaser! Faut que ça soit un teater!"

Me semble que je n’arrêtais pas !? Je dois bien avoir fait quelque chose ?
Je faisais quoi avant de partir en voyage ?

Je regarde tout sous tous les angles.

























































Un troisième chanteur s’est joint au duo.
La musique semble aussi irréelle.
Et, encore une fois, je ne comprends pas que les gens les dérangent.
J’imagine qu’ils veulent les féliciter… ha !? Non. Le gars voulait parler à la sirène. Elle accepte.
J’avoue qu’il a air séducteur.
Je trouve qu’il a l’air d’un « Sinbdad » avec son foulard sur la tête à la bohémienne.
Il a vraiment un regard particulier.
Mais moi ! … je l’ai vu parlant à une fille dans le parc plus tôt aujourd’hui !
Ha! Non! Attention sirène ! Il n’est pas « Sinbdad » ! Il est un pirate !


Retrouver sa vie sur papier n’est pas un exercie facile.
Si je nomme les tâches que j’accomplissais, j’ai l’impression que je raconte des histoires. Comme si je n’avais rien organisé, mais que j’avais juste envoyé des courriels, parler au téléphone et regarder des spectacles.
Je voudrais bien qu'ils disent:"Ha! Elle est la personne qu'il nous faut!"
Mais dans le fond... Ce que je voudrais vraiment c'est me dire:" Ha! Voilà l'emploi qu'il me faut!"

Rien n’est jamais très bien. Tout est toujours juste correct.
Sauf quand la vie est un rêve comme cet après-midi.


Puis, je me lève la tête, la sirène enfourche son vélo, je la remercie de ce moment privilégié, ellea l'air contente d'avoir rendu les gens si heureux. Elle quitte le parc et chantant.

Les deux garçons font maintenant des bruits de crapauds et de résonance abdominale.

Mon pot Téo

Visite de mon pot Téo.
Je me balade dans la ville avec mon pot Téo.

Sa mère est à un prestigieux gala. Elle remet une bourse.
Je suis don Tante Anny et je me balade avec Téo. Son poids se rapproche du poids de mon sac dos. Je suis en voyage. Je traverse la ville en transportant Téo. On fait la jasette ; il faut des bulles et moi je lui raconte des histoires.
On se promène plus de deux heures.

En rentrant, Téo est affamé. Je lui propose le biberon. Il veut le sein de maman.
Je réussis à le calmer. On joue dans le bain. Il pleure encore et s’endort tranquillement sur mon lit. Mon appartement est en chantier. Les jouets, les couches, le sac à couche, la salle de bain, le lait en poudre, le dégât d’eau. Mais Téo dort et je me suis amusée.

Sa mère rentre. Je la trouve surprenante et inspirante.
Elle rentre avec une fleur pour me remercier.
Elle est trop gentille.


Après un déjeuner, ou Téo ne fait rire aux éclats et me grugeant la joue de ses gencives. Ils rentrent. Retrouvant le calme de mon appartement. Je regarde la rose laissée par mon amie.
« C’est moi qui aurais dû lui en offrir », me dis-je.


Puis, la même journée, je me suis rendue compte que j'avais des rides autour des yeux.

** Ma boss m'a aussi offert son étui à maquillage avant d'entrer dans une réunion. Vous imaginez?!